Se démener pour nos chats, avançons !

Un sujet aussi chaud que celui des pitbulls, actuellement en clinique, est celui entourant l’onyxectomie ou communément appelé le dégriffage. Chaque jour, nous avons des conversations téléphoniques avec des clients souhaitant faire dégriffer leur chat. Faisant partie de notre mandat, il est de notre devoir de bien expliquer en quoi consiste cette procédure chirurgicale, toujours légale au Québec, les risques y étant associés, les conséquences physiques et comportementales possibles ainsi que les alternatives possibles, basées sur la compréhension de ce comportement typiquement félin.

« L’Ordre des médecins vétérinaires du Québec invite les propriétaires de chat à s’informer adéquatement avant de prendre la décision de faire dégriffer leur animal, une intervention chirurgicale (l’onyxectomie) qui n’est pas médicalement nécessaire et qui comporte des risques de complications [1]. »

Tout d’abord, l’onyxectomie consiste au retrait total de la griffe et donc de l’amputation de la troisième phalange sur laquelle celle-ci est insérée (amputation). Cette intervention n’est ni nécessaire au niveau médical, ni un traitement en soi et, comme toutes chirurgies, comporte des risques de complications. Il faut croire que cette pratique a dû apparaître et se populariser suite à l’introduction des chats dans nos domiciles. Les chats étant à l’origine des animaux de ferme, certains « problèmes » reliés à leur domestication ont bien sûr vus le jour avec leur arrivée dans nos foyers.

Il est primordial de comprendre pourquoi le chat « fait ses griffes ». Le chat étant un animal très territorial, il « marque » de façon visuelle et olfactive son territoire en faisant ses griffes à certains endroits stratégiques (souvent aux frontières de son territoire) pour y laisser son odeur grâce à des glandes à l’intérieur de ses pattes. Ceci indique aux autres chats que c’est un « terrain privé ». En faisant ses griffes, il les use et en profite également pour s’étirer de tout son long, lui permettant de conserver une bonne flexibilité au niveau de la colonne. Suite au dégriffage, le chat continue de laisser son odeur à certains emplacements, car les glandes sont toujours en place, mais il perd de la flexibilité en ne pouvant s’étirer optimalement.

En l’absence de griffes, le chat doit se réadapter pour pouvoir se déplacer, et ce, en modifiant sa posture naturelle et en changeant l’appui sur ses membres. Les tendons, les muscles et les ligaments travaillent donc plus fort, ce qui est d’autant plus vrai dans le cas d’un animal en surpoids. Il peut développer, à plus long terme, de l’arthrite, une infection des plaies post-opératoire ou encore des douleurs fantômes dues à l’amputation, ce qui peut affecter directement son moral et son niveau de tolérance.

En privant le chat de ses griffes, il perd un moyen de défense en plus d’être moins agile (moins flexible). Il n’est plus en mesure non plus de s’agripper ou de se sauver en grimpant aux arbres, par exemple, ce qui le rend plus vulnérable et parfois plus anxieux. L’anxiété d’un chat peut se traduire par de la malpropreté et par de l’agressivité (il peut passer plus rapidement à la morsure, par exemple).

Mais comment faire pour que minou arrête de faire ses griffes à des endroits inopportuns? (voir le vidéo ci-bas pour un résumé)

  • Il faut lui donner des alternatives : un BON poteau à griffe attrayant (solide, bonne hauteur, bon type de matériel, support vertical/horizontal, utilisation d’herbe à chat sur celui-ci) dans un BON endroit (cliquer sur ce lien pour avoir plus de détails) ou encore un vieux tapis d’entrée, bref des endroits où il vous convient qu’il fasse ses griffes. Pour Monsieur/Madame-Bricole, c’est un projet assez simple et amusant à faire, en plus d’être abordable! Il est à noter que si vous introduisez un nouveau griffoir, il est conseillé de l’installer en premier lieu à l’endroit où minou fait ses griffes, puis de graduellement le déplacer vers l’endroit désiré (une distance de 1′ par 2 jours).
  • Lui tailler les griffes à l’aide d’un coupe-griffe! (Passez nous voir à la clinique, il nous
    fait toujours plaisir de vous « coacher » gratuitement pour vous montrer comment faire et pour amadouer vos craintes de le blesser!)
  • En dernier lieu, il est possible de lui poser des Softpaws (capuchons de plastique àbout rond qui est collé sur la griffe) de votre couleur préférée! Ceux-ci restent collés sur les griffes durant environ 1 mois. Il faut toutefois tailler les griffes entre chaque pose.

Le temps de la transition, il est préférable de rendre désagréable l’endroit inopportun, afin qu’il délaisse cet emplacement et adopte le griffoir. Voici comment faire : Changer la texture du matériel pendant 2 semaines (recouvrir le divan avec une couverture ou un plastique par exemple, ou encore y mettre du ruban double face ou du papier d’aluminium…vidéo accessible ici pour démontrer l’idée avec un comptoir plutôt qu’un divan). Ne vous en faites pas, cela sera temporaire, le temps que le chat comprenne et s’approprie le bon endroit. Il est bien également de réparer l’endroit en cas de marques visuelles (sabler un cadre de porte, par exemple). Bref, il suffit de faire en sorte que le griffoir soit, aux yeux de minou, l’endroit le plus attrayant pour y faire ses griffes et le tour est joué!

Quoi qu’il en soit, l’éducation du chat face à l’environnement et l’investissement d’un peu de temps et sont les ingrédients magiques pour réussir. En combinant les outils mentionnés, il est maintenant possible que minou et maître soient satisfaits et vivent en harmonie dans la maison. Il n’en tient qu’à vous de faire votre choix.

[1] Ordre des Médecins Vétérinaires du Québec [En ligne]. Positions et Politiques, Recommandations concernant le dégriffage félin [Diffusé le 15 avril 2015]. Disponible : https://www.omvq.qc.ca/l-ordre/positions-et-politiques.html